Ma rue
est sombre et tortueuse
elle connaît le port
et le nom d’un poète (1)
Étroite et sale
elle fleure l’odeur du peuple
et elle a des balcons emplis
de vêtements étendus.
Ma rue
ne vaut pas deux “réaux”
ce sont cent portes
cassés en morceaux
et une fontaine où
vont boire
enfants et chats,
colombes et chiens
C’est un endroit où jamais le soleil n’entre
une rue quelconque.
Ma rue
a cinq lampadaires
pour que les jeunes
y lancent des pierres.
Il y a une pension
et trois fours à pain
et un bar à chaque coin.
Ma rue
se sont des gens de partout
qui soignent et boivent
qui suent et mangent
et se lèvent avec le premier soleil
et vont voir du football chaque dimanche
ou pêcher le Sar à la palangrotte
ou faire une partie de dominos en buvant du vin.
Ma rue
c’est un enfant
qui prend son goûter
avec du pain à l’huile et au sucre,
et qui joue aux dés
et à “cavall fort”(2)
moité sage, moitié rustre
enfant de chœur et chenapan.
Ma rue
du quartier populaire
vit selon le tiroir
aux toupies,
avec des autocollants,
et l’album “Nestlé”
et les morceaux
d’un vieux poêle
Et peu à peu elle se détériore
ma rue.