LAKMÉ
Viens, Mallika, les lianes en fleurs
Jettent déjà leur ombre
Sur le ruisseau sacré qui coule, calme et sombre,
Eveillé par le chant des oiseaux tapageurs.
MALLIKA.
Oh! maîtresse, c'est l'heure où je te vois sourire,
L'heure bénie où je puis lire
Dans le coeur toujours fermé
De Lakmé!
(Ensemble:)
Sous le dôme épais où le blanc jasmin
À la rose s'assemble,
Sur la rive en fleurs, riant au matin,
Viens, descendons ensemble.
Lentement glissons, sur le flot charmant,
Et d'une main nonchalante
Ridons doucement
L'onde frémissante;
Viens, gagnons le bord
Où la source dort,
Où l'oiseau chante!
LAKMÉ.
Mais je ne sais quelle crainte subite
S'empare de moi,
Quand mon père va seul à leur ville maudite,
Je tremble d'effroi!
MALLIKA.
Pour que le dieu Ganeça le protège,
Jusqu'à l'étang où s'ébattent joyeux
Les cygnes aux ailes de neige,
Allons cueillir les lotus bleus!
(Reprise de l'ensemble:)
Sous le dôme épais où le blanc jasmin
À la rose s'assemble,
Sur la rive en fleurs, riant au matin,
Viens, descendons ensemble.
Viens, gagnons le bord
Où la source dort,
Où l'oiseau chante!