Quand j’aurai de la terre
Je sèmerai les paroles
que mon père Martin Fierro
mit au vent.
Quand j’aurai de la terre
l’auront ceux qui luttent
les maîtres, les bûcherons
les ouvriers.
Quand j’aurai de la terre
je te jure semence que la vie
sera une douce grappe
et dans ta mer de raisins
notre vin.
Je chanterai, je chanterai
Quand j’aurai de la terre
je donnerai aux étoiles
des astronautes de champs de blé
une lune neuve.
Quand j’aurai de la terre
je formerai avec les fers
un orchestre où chantent
ceux qui pensent.
Paysan, quand j’aurai de la terre
arrivera dans le monde
le cœur de mon monde
depuis derrière tout l’oubli
j’enlèverai avec mes larmes
toute l’horreur de la tristesse
Et enfin je te verrai, paysan.
Paysan, Paysan, paysan
Libre de regarder la nuit
en laquelle nous nous couchons
pour faire les enfants !
Paysan,
quand j’aurai de la terre
je mettrai la lune dans la poche
et je sortirai me promener avec les arbres
et le silence
et les hommes et les femmes avec moi
Je chanterai, je chanterai.