Corrandes d'exili [French translation]

Une nuit de pleine lune

nous avons traversé la chaîne

lentement, sans rien dire

Si la lune était pleine

notre peine l’était aussi.

Ma bien aimée m’accompagne

la peau brune et l’air grave

(comme une mère de Dieu

trouvée dans la montagne).

Pour que nous pardonne la guerre

qui l’ensanglante, la mutile

Avant de passer la ligne

je m’agenouille, baise la terre

et la caresse de l’épaule

En Catalogne j’ai laissé

le jour de mon départ

une moitié de vie endormie,

l’autre moitié vint avec moi

pour ne pas me laisser sans vie.

Aujourd’hui en terres de France

et demain peut-être plus loin

je ne mourrai de nostalgie

Mais je vivrai de nostalgie.

Dans ma terre du Vallès (2)

trois collines font une chaîne

et quatre pins un bois épais

cinq quarterons une grande terre

“Comme le Vallès il n’y a rien”

Que les pins entourent la calanque

l’ermite en haut de la colline

et sur la plage un store

qui bat comme une aile.

Un espoir défait,

un regret infini.

et une patrie si petite

que je la rêve complète.

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