Je n’connais pas le nom des fleurs
Et ça m’attriste
Celui des arbres guerre plus d’ailleurs
Je peux n’en faire qu’une courte liste
Je n’connais pas ces noms latins
Qu’on donne aux plantes
Celles qui n’ouvrent qu’au matin
Celles que le soleil oriente
Lacune presqu’anodine
Connaissance superflue
Pour qui comme moi très peu jardine
Et n’escalade plus
Les branches jusqu’aux cimes
Et fait peu de bouquets
Mange peu de fruits acides
Cueillis sur les bosquets
Citadin
J’ai un trou d’mémoire
Anodin
Avec mon arrosoir
Dans les mains
À qui je donne à boire
J’en sais rien
Je n’sais pas nommer les oiseaux
Ça me chagrine
Les longue pattes dans les roseaux
Les démarches de ballerine
À la manière dont ils volent
Savoir s’ils migrent
Savoir s’ils chassent ou batifolent
À la manière dont leurs ailes vibrent
Lacune presqu’anodine
Connaissance superflue
Pour qui perd son âme feline
Et s’met peu à l’affût
N’exerce plus son oreille
À distinguer les cris
De ceux qui nous réveillent
Au petit matin gris
Citadin
J’ai un trou d’mémoire
Anodin
En apportant au square
Mes petits bouts d’pain
En faisant une mangeoire
De mes mains
Citadin
J’ai un trou d’mémoire
Anodin
Un oubli dérisoire
Mais enfin
Ça touche au désespoir