Les trilles du téléphone
Me cueillent au creux du lit
Est-ce toi ? je le soupçonne
Je décroche, et te voici
Je te dis : I feel alone
Tu murmures : je m'ennuie
Dérangé, le chat ronchonne
Et se rendort à demi
Dans les lignes qui bourdonnent
J'entends d'autres voix aussi
Des voyelles, des consonnes
Et des merles qui pépient
J'entends ta rue qui klaxonne
Et ta cité qui rugit
Au rythme des 38 tonnes
Qui s'ébranlent à grand bruit
S'en vont-ils à Barcelone
Ou foncent-ils vers Paris
Voilà que je déraisonne
Et le temps le temps s'enfuit
Dehors les branches frissonnent
Frôlant les carreaux bleuis
Le vent rôde et s'époumonne
Fait-il beau dans ton pays
Il y neige il y moutonne
Il y fait soleil et pluie
Il y gèle, grêle, tonne
Il y fait beau jour et nuit
Est-ce le printemps l'automne
Est-ce dimanche ou lundi
Est-ce l'aube qui bourgeonne
Ou la lune qui blondit
C'est l'hiver et c'est Vérone
C'est l'Irlande et l'Italie
La colchique et l'anémone
L'espérance et l'utopie
Et tandis que tu fredonnes
Coeur battant, je m'enhardis
Je te dis : tu es mignonne
Et te glisse un 'ma chérie'
Tu me grondes, me sermonnes,
Je grommelle de dépit
Mais déjà tu me pardonnes
Et tu ris, tu ris, tu ris
A mi-voix tu me questionnes
M'aimes-tu ? T'ai-je séduit ?
Tous les clochers carillonnent :
Oui, c'est fait, je t'aime, oui.