Celui qu'on appelait le voyou de la plage,
Qui vivait tout l'été jambes nues, cheveux fous,
Qui ne payait jamais les gaufres ni les glaces,
Qui te jetait de l'eau, des algues et des cailloux,
C'était moi !
Mais qui savait le nom des quatre mille étoiles
Qui te prenait la main pour mieux te les compter,
Qui faisait d'un orage une carte postale
En dessinant ton cœur sur le sable mouillé,
C'était moi, c'était moi !
Celui qui se disait professeur de tendresse,
Qui se moquait de toi quand tu ne voulais pas,
Celui qui se vantait d'avoir eu des princesses
Et de se fiancer, mais de n'épouser pas,
Mais qu'il ne riait plus en ouvrant ton corsage
Ou qui riait trop fort en touchant tes genoux,
Qui s'endormait tout doux sur ton épaule sage,
Qui t'appelait « pas belle » et qui t'aimait beaucoup,
C'était moi, c'était moi !
Celui qui plaisantait, un matin de septembre,
En piquant une rose à ton manteau de pluie,
Qui te disait « Salut, on allait bien ensemble. »
Et n'en a plus dormi ni le jour ni la nuit,
Celui qui ne sait plus ni ton nom ni ton âge,
Qui ne sait rien de toi, mais que tu es jolie,
Oublie-le ce garçon qui crânait sur la plage
Et croyait tout savoir et n'avait rien compris,
C'était moi, c'était moi !
J'avais quinze ans,
C'était moi !