Je suis comme les p’tits enfants,
Je n’aime faire que c’qu’on m’défend.
Ainsi, je l’avoue tout haut,
Sur un quai du métro,
Pour moi, c’est une joie inouïe
Quand j'entre par la sortie.
C’est si bon,
C’est si bon
Quand c’est défendu.
Qu’ma foi, j’ose
Faire les choses
Les plus saugrenues.
La vision
D’un gazon
Qu’est bien entretenu,
Ça m’attire,
Je n’aspire
Qu’à courir dessus.
C’est insensé,
Je le sais.
J’en suis convaincue
Et j’ai honte.
Oh, qu’j’ai honte
D’être sans retenue.
Mais jamais
Je n’dirai :
« Je recommencerai plus. »
J’peux pas, non.
C’est trop bon
Quand c’est défendu.
Dans un train de voyageurs
Qui roule à cent à l’heure,
D’un très coupable bonheur
Je sens battre mon cœur
Et mes yeux s’emplir de larmes
Devant une sonnette d’alarme.
C’est si bon,
C’est si bon
Quand c’est défendu.
Au plafond
Du wagon
Où elle est pendue,
D’empoigner
La poignée
Et de tirer dessus.
C’est si bon,
C’est si bon
Quand on n’est pas vu.
Quand après
Un arrêt
Plein d’tohu-bohu,
L’train démarre
Et dare-dare
Regagne le temps perdu,
D’rempoigner
Cette poignée
Et de retirer dessus.
C’est si bon
Que, aïe donc !
Moi je retire dessus !
Quand j’veux faire un gueuleton fin,
Je vais chez mon médecin.
J’lui demande une consultation
Pour qu’il m’dise : « Attention,
Faut supprimer la bonne chair
Et suivre un régime sévère. »
Mais c’est bon,
C’est si bon
Quand c’est défendu.
De filer
Sans tarder
Commander son menu :
« Vous m’donnerez
Du pâté,
Des concombres crus
Et un melon.
C’est trop bon
Quand c’est défendu.
Du foie gras,
Une vieille
Bonne bouteille
De vos meilleurs crus.
Comme dessert,
Des fruits verts
Et puis un bon jus.
Vite, garçon,
C’est trop bon
Quand c’est défendu ! »
Et en amour, c’est pareil.
L’amour, ça m’émerveille.
J’aime aimer mais pas au lit,
Pas en chemise de nuit.
Moi, i’ m’faut le bois d’Boulogne
Où je sens rôder les cognes.
Ah, qu’c’est bon,
Ah, qu’c’est bon,
À une heure indue,
De s’cacher
Pour s’aimer
Dans un coin perdu.
Bouh la la
Hou, c’qu’i’ fait fait froid,
Et faut s’mettre tout nu
Mais mais tant pis.
C’est, c’est trop bon
Quand c’est défendu.
Quelqu’un vient ?
Non, c’n’est rien
Mon amour aimé.
Le derrière
Sur ces pierres
Comme on va s’aimer !
Ho, c’est fou,
Ho, c’est fou.
Ah, c’qu’on est mal, crois-tu
Oui et non.
C’est trop bon
Quand c’est défendu !