Quelle idée d’aller à Berlin,
ta mère et moi tenant ta main
comme une béquille.
Bancale famille,
on fait comme si
rien n’est détruit.
Toi qui ne connais pas l’Histoire,
on te raconte cette nuit noire.
Un mur hideux.
C’est si facile
couper en deux
comma ça une ville.
Mais nous, c’est pas Berlin.
Il n’y a rien qui nous sépare
où que tu t’endormes le soir.
Nous, c’est pas Berlin.
Ne vois pas un mur qui se dresse
dans tes sommeils à deux adresses.
Des parpaings empilés si vite,
puis cette rumeur qui s’ébruite
avec le jour
qui vient à peine.
Les gens accourent
quand ils comprennent.
On te raconte les années sombres,
le long du mur glissent des ombres.
Pour une absente
de l’autre côté.
Tous ceux qui tentent
de le sauter.
Mais nous, c’est pas Berlin.
Il n’y a rien qui nous sépare
où que tu t’endormes le soir.
Nous, c’est pas Berlin.
Ne vois pas un mur qui se dresse
dans tes sommeils à deux adresses.
Toi qui es curieuse en revanche,
on te raconte cette nuit blanche.
Les coups de masse,
la foule en liesse
et ceux qui passent
enfin à L’Ouest.
Imagine, vrillant les tympans
comme ça klaxonne dans les Trabant,
le mur qui craque,
la fougue rebelle,
On joue du Bach
au violoncelle.
Pour nous, c’est ça Berlin !
Il n’y a rien qui nous sépare
où que tu t’endormes le soir.
Pour nous, c’est ça Berlin.
Ne vois pas un un mur qui se dresse
dans tes sommeils à deux adresses.
Quelle idée d’aller à Berlin,
longer le mur qu’on a repeint.
Une jolie fresque.
C’est façile, presque
unir un lieu
coupé en deux.