Nous deux, mon frère, on est de l'infanterie
et l'été c'est mieux que l'hiver.
On a réglé nos comptes avec la guerre,
prends ton manteau, on rentre chez nous.
La guerre nous a fait plier l'échine, elle nous a décimés
mais même la guerre a une fin.
Ta mère est restée quatre ans sans son fils,
prends ton manteau, on rentre chez nous.
Nos rues sont réduites en cendres,
mais à nouveau, mon camarade,
les étourneaux égarés y sont revenus.
Prends ton manteau, on rentre chez nous.
Mais toi, tu dors les yeux fermés
sous une étoile en contreplaqué1
Allez, debout ! Debout, mon frère !
Prends ton manteau, on rentre chez nous.
Mais qu'est-ce que je vais dire à ta famille ?
Comment me présenter devant ta veuve ?
J'en maudirais presque les jours anciens.
Prends ton manteau, on rentre chez nous.
Nous sommes les enfants fous de la guerre,
du général au dernier soldat.
Le printemps fleurit à nouveau sur la neige,
prends ton manteau, on rentre chez nous.
1. Certaines tombes de soldats soviétiques étaient surmontées d'une pyramide avec une étoile rouge au sommet