Le soir arrive, allons aux saules,
Au bord de la rivière,
Où nous sommes bien protégés,
Comme dans une chaumière.
Vois donc, au ras du sol,
Les branches plongent leurs feuilles dans l'eau.
Déjà qu'on poursuit notre trace,
Une seule nuit sans angoisse
Serait pour nous comme un cadeau.
Et le vent se lève,
Peignant les cheveux verts des saules pleureurs.
Peux-tu entendre sur la rivière ses voix et ses bruissements ?
J'aimerais leur demander : « Qu'allons nous devenir ? »
Mais j'ai de bonnes raisons pour avoir peur.
Je crains la réponse à laquelle je m'attends.
Quel brasier à l'horizon !
Comme si le ciel était en feu !
À présent, ça sent le brûlé et la fumée nous pique les yeux.
N'aie pas peur, tout ce qui bouge en dehors de notre abri,
Ce n'est rien, que des fantômes.
Les fermiers allument leurs chaumes
Et rentreront avant la nuit.
Des aboiements, un cri !
Un coup retentit dans un éclair.
Une douleur poignante au bras,
Des bouts tout rouges tombent par terre.
Non, ce n'est pas encore du sang,
Seulement le reste de notre vin qui se répand.
Ma maladresse vient de ma peur, je le confesse.
Buvons de l'eau, avec le pain !
Et le vent se lève,
Peignant les cheveux verts des saules pleureurs.
Peux-tu entendre sur la rivière ses voix et ses bruissements ?
J'aimerais leur demander : « Qu'allons nous devenir ? »
Mais j'ai de bonnes raisons pour avoir peur.
Je crains la réponse à laquelle je m'attends.
Te rappelles-tu l'histoire de ce prophète et visionnaire,
Qui, toute sa vie resta assis,
Pour voir au bord d'une rivière,
Comment ses ennemis morts flottaient sur l'eau,
Après de nombreuses années ?
À quoi bon une telle sagesse :
Tous nos ennemis, qui sans cesse,
Nous traquent, vivent et sont aux aguets ?
Et le vent se lève,
Peignant les cheveux verts des saules pleureurs.
Peux-tu entendre sur la rivière ses voix et ses bruissements ?
J'aimerais leur demander : « Qu'allons nous devenir ? »
Mais j'ai de bonnes raisons pour avoir peur.
Je crains la réponse à laquelle je m'attends.