I
France à bientôt ! car la Sainte Espérance
Emplit nos cœurs en te disant adieu.
En attendant l'heure de la délivrance,
Pour l'avenir nous allons prier Dieu.
Nos monuments, où flottent leurs bannières,
Semblent porter le deuil de ton drapeau.
France, entends-tu la dernière prière
De tes enfants couchés dans leur tombeau ?
Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,
Et malgré vous, nous resterons français.
Vous avez pu germaniser la plaine,
Mais notre cœur vous ne l'aurez jamais.
II
Eh quoi ! nos fils quitteraient leur chaumière
Et s'en iraient grossir vos régiments
Pour égorger la France, notre mère ?
Vous armeriez le bras de ses enfants ?
Ah ! vous pouvez leur confier des armes,
C'est contre vous qu'elles leur serviront
Le jour où las de voir couler nos larmes,
Pour nous venger leurs bras se lèverons.
Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,
Et malgré vous, nous resterons français.
Vous avez pu germaniser la plaine,
Mais notre cœur vous ne l'aurez jamais.
III
Ah ! jusqu'au jour où, drapeau tricolore,
Tu flotteras sur nos murs exilés.
Frères étouffons la haine qui nous dévore
Et fait bondir nos cœurs inconsolés.
Mais le grand jour où la France meurtrie
Reformera ses nouveaux bataillons
Au cri sauveur jeté par la Patrie
Hommes, enfants, femmes, nous reprendrons.
Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,
Et malgré vous, nous resterons français.
Vous avez pu germaniser la plaine,
Mais notre cœur vous ne l'aurez jamais.