Ô Fortune,
comme la lune
changeant de phase,
sans cesse tu croîs
ou tu décroîs:
(quelle) vie exécrable!
Tantôt elle rend obtuse,
tantôt elle renforce,
par jeu, la vivacité d’esprit,
et pauvreté
ou pouvoir,
elle les fait fondre comme la glace.
Sort implacable
et sans raison,
tu es une roue qui tourne,
un état inconfortable
une sécurité trompeuse
qui peut s'évanouir à tout instant.
Dissimulée
et voilée
tu t'acharnes aussi sur moi ;
Maintenant, par le caprice
de ton jeu coupable
je n'ai plus rien sur le dos
L'opportunité du salut
et de la puissance
se refuse maintenant à moi,
mes afflictions
et mes échecs
me mettent sans cesse à l'épreuve.
A l'instant
et sans attendre
retenez les battements de votre coeur 1
le fait que par ses aléas
elle terrasse l'homme fort,
déplorez-le tous avec moi !
1. Après restitution du texte original ("cordis", et non "corde"): voir ma note ci-contre.