Aujourd'hui je lis dans le journal
Qu'une femme que j'ai connue est morte
Que l'Athletic a perdu à domicile
Et que Paris s'est réveillée sous la neige
Qu'on a saisi de la cocaïne
Que les Poissons et les Verseaux
Vont avoir une journée de vinaigre et de fiel
Que le parlement européen a approuvé
Une loi en faveur de l'abolition du désir
Que le vaccin anti-sida a échoué
Qu'un coup d'Etat a réussi sur la Lune,
Et ce genre de choses
Mais le journal d'aujourd'hui ne disait rien
De cette passion sale, de ce lundi marron
De la saveur obscène de rhum coca qu'a ta peau
De l'odeur d'eau de cologne bon marché qu'a l'aube
De cette chambre sans chaussettes ni baisers
De ce froid d'août dans les os
Comme un bistouri.
Aujourd'hui, mon amour, comme toujours
Le journal ne parlait pas de toi, ni de moi
Aujourd'hui, mon amour, tout comme hier, comme toujours
Le journal ne parlait pas de toi
Le journal ne parlait pas de toi
Le journal ne parlait pas de toi, ni de moi
Aujourd'hui, on a annoncé à la radio
Qu'on a retrouvé l'enfant que j'étais, mort
Qu'on a déboursé une somme folle
Pour une fausse aquarelle de Dali
Que la Bourse est allée au ciel
Que les putes de Moscou continuent leur grève du zèle
Que la marée a monté,
Qu'on fusille demain Jésus de Judée
Que le trou dans la couche d'ozone s'est agrandi
Que le père d'aujourd'hui est le père du singe
De l'an 2000
Mais l'émission d'aujourd'hui ne disait rien
De cette éclipse de mer, de ce saut mortel
De ta voix grelottante sur la cassette du répondeur
Des taches que laisse l'oubli à travers le matelas
De l'automne comme une menace
De la douleur de trouver sur les tasses
Les traces de ton rouge à lèvre.
Aujourd'hui, mon amour, comme toujours
Le journal ne parlait pas de toi
La radio ne parlait pas de toi
Le journal de parlait pas de toi, ni de moi
Aujourd'hui, mon amour, tout comme hier, comme toujours
Le journal ne parlait pas de toi
La radio ne parlait pas de toi
Le journal ne parlait pas de toi, ni de moi