Je me ronge les ongles depuis que j'ai
cessé de fumer.
Je n'y vois rien, je n'ai pas de lunettes :
je suis fauché.
Je ne touche pas à mon salaire,
je vis comme un misérable.
J'ai des trous dans mes chaussettes
et les talons éculés.
J'épargne et j'économise pour pouvoir te contenter
et toi, tu fais l'infidèle avec le patron d'un café.
Agata, tu me ruines.
Agata, tu m'assassines.
Agata, regarde, examine
Je suis un homme qui n'est plus
ce qu'il était.
Ça fait trois ans que je porte une chemise
raccommodée.
Et dans trois ans ce sera toujours la même
que je porterai.
Mon vieux costume bleu pétrole,
on en a vu de toutes les couleurs.
Il est devenu verdâtre,
c'était celui de pépé.
Mon tailleur m'a dit : "Monsieur, je ne peux plus le retourner
Je l'ai déjà fait six fois, il faudrait le mettre dans un musée".
Agata, tu me ruines.
Agata, tu m'assassines.
Agata, regarde, examine
Je suis un homme qui n'est plus
ce qu'il était.
J'ai réduit le repas quotidien,
sans hésiter.
Un grand verre d'eau fraîche le matin,
pas de café au lait.
Quand je rentre au domicile,
je ne trouve plus personne.
Je soupire avec tristesse et me surprends à rêver
à quand nous jouions ensemble au docteur et aux fiancés.
Maintenant je joue tout seul mais c'est un plaisir frelaté.
Agata, tu me ruines.
Agata, tu m'assassines.
Agata, regarde, examine
Je suis un homme qui n'est plus
ce qu'il était.