Elle avait tout pour lui plaire
Il avait tout pour lui plaire aussi
Mais elle habitait à Bécon-les-Bruyères
Et lui demeurait à Bercy
Il suffisait qu'le dieu de l'amour
Les fît se rencontrer
Cette rencontre eut lieu un beau jour
J'vais vous la raconter :
Ça s'est passé un dimanche
Un dimanche au bord de l'eau
Elle avait sa robe blanche
Lui, son knickerbocker à carreaux
Il avait également des p'tits yeux rigolos
Et une langue qu'était pas dans sa manche
Si bien qu'il invita la jolie dactylo
À s'cacher du soleil sous les branches
Ça s'est passé un dimanche
Un dimanche au bord de l'eau.
La demoiselle était sage
Sur l'herbe elle refusa de s'assoir
Mais son cœur battait très fort sous son corsage
Elle lui jura de le revoir
Elle le revit toute la belle saison,
Un merle m'a conté
On n'voyait qu'eux sous les frondaisons
Et même qu'elle a fauté
Ça s'est passé un dimanche
Un dimanche au bord de l'eau
Elle avait sa robe blanche
Lui, son knickerbocker à carreaux
Mais au jeu de l'amour elle gagna bientôt
Un peu plus de rondeur dans les hanches
Puisque pour notre France il nous faut des marmots
Lui dit-il - Allons, allons, c'est pas l'moment qu'tu flanches
Ah, ça s'est passé un dimanche
Un dimanche au bord de l'eau.
Pour que l'enfant ait un père
Le père étant un homme sensé
Ne trouva r'ien d'mieux que d'épouser la mère
C'est rien, mais fallait y penser
Il n'y pensa que quinze ans plus tard
C'est pour cette raison-là
Qu'le jour des noces on vit leur moutard
Qui dansait la java.
Ça s'est passé un dimanche
Un dimanche au bord de l'eau
Dans une baraque en planche
Qu'on baptise au printemps « caboulot »
Et pendant qu'les copains après les p'tits gâteaux
Faisaient une belote en trois manches
Afin d'revoir l'endroit de leur premier bécot
Ils s'enfuirent tous les deux sous les branches
Ça s'est passé un dimanche
Un dimanche au bord de l'eau...
C'est tout !